Activer de nouveaux moteurs de croissance

Pilier 2: Activer de nouveaux moteurs de croissance pour accélérer le développement des marchés d’assurances

L’Afrique détient un immense potentiel pour l’assurance, pourtant encore peu exploitée et marginale dans la vie des populations. Ce décalage impose une réorientation ambitieuse pour faire de l’assurance un levier de développement intégré aux priorités publiques. Il est temps d’explorer de nouveaux espaces de distribution et d’action pour libérer la croissance des primes sur le continent.

  1. Assurances Obligatoires: des intentions aux actions concrètes
  • Les assurances obligatoires sont un levier puissant dans les pays à forte pénétration, mais restent sous-exploitées en Afrique.
  • Dans des secteurs à risques, elles offrent un triple rôle : protection, financement et élargissement de la couverture.
  • La FANAF doit en faire un axe stratégique pour soutenir les États, structurer les marchés et poser les bases d’une croissance durable:
    • Lancer sans délai un plan d’action structuré pour renforcer les assurances obligatoires, en mobilisant régulateurs et États autour de priorités claires et d’un calendrier resserré.
    • Créer dès 2026 un Observatoire des Assurances Obligatoires pour piloter et suivre leur mise en œuvre dans les marchés de la FANAF

2. Microassurance : concrétiser une promesse longtemps restée théorique

  • Une grande partie des Africains, notamment les plus vulnérables et les PME, reste exclue de l’assurance malgré leur rôle central dans l’économie.
  • Notre plan d’accélération des assurances inclusives de la FANAF vise à corriger ce déséquilibre en mobilisant des leviers concrets d’action.
    1. Lancer en 2026 les États Généraux de l’Assurance Pour Tous afin de définir un plan d’urgence inclusif avec l’appui des marchés, des États, des régulateurs et des bailleurs.
    2. Jouer un rôle-clé dans la mobilisation de fonds  (Banque Mondiale, AFD, IFC, BAD, UNCDF, etc.) pour appuyer le développement de solutions locales d’assurance inclusive.
    3. Produire un cadre de référence pour les assurances inclusives, en s’appuyant sur les meilleures pratiques (réglementaires, techniques, digitales). Ce référentiel servirait de base commune pour guider les États membres.

3. Assurance Auto : enclencher la vitesse digitale

  • L’assurance automobile représente une part essentielle du secteur non-vie dans l’espace FANAF, mais reste largement sous-exploitée au regard du parc automobile réel.
  • La digitalisation constitue une réponse clé pour sécuriser le marché, renforcer les contrôles, améliorer la qualité de service et élargir la couverture :
    • Mettre en place des plateformes numériques d’attestations auto, reliées aux bases de données publiques pour fiabiliser les contrôles.
    • Moderniser les attestations auto pour la circulation régionale : digitaliser, unifier les standards, sécuriser les routes
    • Renforcer les capacités digitales des compagnies membres (formations, infrastructures, partenariats technologiques) dans une logique de mutualisation et de partage d’expériences.
    • Renforcer les capacités technologiques des marchés africains d’assurance afin de mettre en place à l’échelle de chaque marché, un dispositif digital des constats d’accidents

4. Assurance santé : co-créer, rentabiliser, croître

  • L’assurance santé progresse dans plusieurs marchés de la FANAF, portée par une demande croissante et les politiques de couverture médicale.
  • Mais cette dynamique est freinée par des déséquilibres techniques, un faible partage des risques, des fraudes et un manque de coordination entre les acteurs.
  • Il est donc urgent de faire évoluer le modèle vers une approche intégrée et collaborative, fondée sur la création de valeur partagée.
    1. Encourager la co-construction de partenariats stratégiques entre assureurs et prestataires de soins, fondés sur la qualité, la transparence des tarifs et l’efficacité des parcours de soins.
    2. Déployer des plateformes d’agrégation de données santé pour améliorer le suivi des soins, détecter les dérives et piloter les consommations par pathologie à l’échelle des marchés.
    3. Promouvoir des modèles d’assurance santé inclusifs, adaptés aux TPE, travailleurs informels et populations rurales, via des approches communautaires ou des produits modulaires.
    4. Renforcer les capacités des compagnies en matière de gestion dématérialisée des prestations santé (tiers payant électronique, télé-expertise, suivi automatisé des sinistres).
    5. Accompagner les réformes nationales de couverture santé universelle, en positionnant les compagnies privées comme partenaires complémentaires et incontournables des dispositifs d’assurance maladie universelle

5. Assurance vie : au cœur de la protection sociale de demain

  • L’assurance vie reste sous-exploitée en Afrique malgré son fort potentiel. Elle peut devenir un levier de protection sociale et de financement à long terme.
  • Il faut la repositionner comme un outil stratégique au service du développement.
    1. Promouvoir l’assurance vie comme un pilier complémentaire  aux régimes publics de retraite et de sécurité sociale, en lien avec les États et partenaires sociaux.
    2. Appuyer, après cartographie, la mise en place d’incitations fiscales par marché pour stimuler la souscription à l’assurance vievie
    3. Travailler avec les régulateurs pour assouplir le cadre de la bancassurance, renforcer la distribution des produits vie et améliorer la proximité avec les assurés.
    4. Positionner l’assurance vie comme outil de mobilisation de l’épargne à long terme pour le financement d’infrastructures, de projets verts ou de besoins sociaux (éducation, santé, logement).

6. Assurance et infrastructures : investir aujourd’hui, sécuriser l’avenir

  • L’urbanisation accélérée en Afrique exige des infrastructures sûres et durables, mais leur financement et leur protection restent encore complexes.
  • L’assurance a un rôle stratégique à jouer pour sécuriser ces investissements et couvrir les risques majeurs.
  • Les actions ci-après devraient permettre d’activer pleinement ce levier.
    1. Faire de l’assurance locale un réflexe systématique dans les projets d’infrastructure soutenus par les États et les bailleurs
    2. Créer des pools d’assurance/réassurance pour couvrir les risques majeurs et renforcer la rétention locale.
    3. Organiser en 2026 un Forum dédié à l’assurance des grands projets d’infrastructures pour aligner les acteurs et structurer un écosystème de couverture adapté.
    4. Encourager les Etats africains à intégrer pleinement les assureurs locaux dans les Partenariats Publics-Privés (PPP) pour le financement, la construction et la protection des infrastructures publiques

7. Unir nos forces pour propulser la réassurance africaine

  • Les réassureurs africains font face à des contraintes majeures liées aux notations, à la réglementation et à une faible coopération entre régulateurs.
  • Il est urgent de bâtir, sous l’impulsion de la FANAF, un cadre commun pour soutenir une croissance durable et souveraine de la réassurance africaine.:
    1. Faciliter les échanges techniques et la coopération entre réassureurs africains, à travers des mécanismes de co-réassurance, de mise en commun des capacités et de couverture conjointe des risques majeurs.
    2. Mettre en place un code de bonne conduite ou une charte de respect des délais de règlement des primes de réassurance entre assureurs et réassureurs membres de la FANAF, avec l’adhésion formelle des membres.
    3. Faciliter la mise en place de mécanismes structuré d’apurement des impayés historiques entre assureurs et réassureurs membres de la FANAF, sous forme de protocoles de remboursement échelonné sous l’égide de la FANAF.
    4. Soutenir la montée en compétence des réassureurs membres, à travers des formations ciblées, des partenariats académiques et l’accès à l’expertise actuarielle.
    5. Promouvoir une représentation accrue des réassureurs africains dans les discussions internationales, y compris auprès des organismes de notation, des régulateurs et des forums spécialisés.
    6. Initier un dialogue structuré et permanent entre le régulateurs africains et les sociétés de réassurance africaines.